Rapports de manipulation

Un film sur un tournage court le risque d’aboutir à une œuvre qui ne semble pas finie, une sorte de making of. Sans y échapper tout à fait, un des traits les plus remarquables des Pires tient à la manière très subtile dont le film rend visibles les rapports de manipulation entre le cinéaste et ses acteurs. Jusqu’où Gabriel va-t-il mettre en danger Ryan, qui discerne mal la fiction de la réalité ? A quel moment va-t-il couper la caméra lorsqu’il conduit ce dernier à faire une crise de nerfs qui finit par le clouer au sol ? En cela, Les Pires rejoint les débats autour des méthodes de travail d’Abdellatif Kechiche ou de l’Autrichien Ulrich Seidl, qui jouent avec les limites en engageant de jeunes acteurs non professionnels ou en forçant l’immersion.