« Les Pires » : une plongée dans le quotidien d’ados de la cité Picasso, à Boulogne-sur-Mer, entre fiction et réalité
Lise Akoka et Romane Gueret observent ce qui se joue dans la relation entre un réalisateur et les jeunes qu’il fait tourner.
réalisateur n.导演
tourner v.t.(电影)拍摄,摄制
L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR
C’est l’histoire d’un tournage(n.m.电影拍摄), comme il y en a déjà eu d’autres au cinéma. Parmi les plus célèbres, La Nuit américaine (1973) et Hollywood Ending (2002) décrivent les turpitudes(n.f.卑鄙,丑恶,卑劣) de la vie de plateau liées aux relations sentimentales(a.爱情的,感情上的 ) chez François Truffaut, à l’anxiété d’un metteur en scène(导演) chez Woody Allen. Les Pires, de Lise Akoka et Romane Gueret, récompensé du prix Un certain regard lors du Festival de Cannes en mai, s’inscrit dans la tradition du grand chambardement(n.m.弄乱,混乱) des émotions en présence d’une caméra.

Cité Picasso, à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Gabriel, un réalisateur belge au doux accent flamand, a choisi des enfants et adolescents pour raconter une histoire qui n’est pas si éloignée de ce qu’ils connaissent. Son film, au titre intrigant(a.玩弄阴谋的,使用诡计的) – A pisser(v.i.撒尿) contre le vent du nord (qui vient, en fait, d’une expression ch’tie) –, va parler de violence familiale et sociale à travers une fratrie(n.f.兄弟姊妹) endeuillée(endeuiller v.t.使充满悲哀) : Lily, 15 ans, enceinte de Jessy tout juste sorti de prison, et Ryan, son petit frère, élevés par des parents cacochymes(a.体质虚弱,有怪癖的), alcooliques et démissionnaires. On pourrait être dans les paysages brouillardeux(雾蒙蒙的风景) de la Somme de Bruno Dumont ou dans la banlieue de Liège des frères Dardenne.
Dès les premiers plans, l’équipe de tournage reste plus longtemps que prévu dans une salle de classe avant de s’engouffrer(坠入深渊) dans des petits appartements et se déployer sur des terrains vagues qui leur servent de décor. Mainmise sur le quartier. Le cinéma est-il venu piller la vie des pauvres au prétexte de la sublimer ? Les choix de Gabriel provoquent des tensions chez les habitants. Pourquoi montrer ce qui ne va pas en dépit des bonnes œuvres de l’action sociale ? Pourquoi recruter des gamins qui n’aiment pas l’école, pourquoi donc s’intéresser aux « pires » ?
Rapports de manipulation
Un film sur un tournage court le risque d’aboutir à une œuvre qui ne semble pas finie, une sorte de making of. Sans y échapper tout à fait, un des traits les plus remarquables des Pires tient à la manière très subtile dont le film rend visibles les rapports de manipulation entre le cinéaste et ses acteurs. Jusqu’où Gabriel va-t-il mettre en danger Ryan, qui discerne mal la fiction de la réalité ? A quel moment va-t-il couper la caméra lorsqu’il conduit ce dernier à faire une crise de nerfs qui finit par le clouer au sol ? En cela, Les Pires rejoint les débats autour des méthodes de travail d’Abdellatif Kechiche ou de l’Autrichien Ulrich Seidl, qui jouent avec les limites en engageant de jeunes acteurs non professionnels ou en forçant l’immersion.

